Dimanche 16 mars – Quand la météo fait n’importe quoi…
Aujourd’hui, la météo nous sert un cocktail bien tassé: soleil, pluie, neige, le tout bien secoué dans un shaker!
On quitte le Monasterio de la Oliva, direction les Pyrénées en se disant qu’on verra bien ce qui nous tombe dessus et la réponse arrive du ciel: des flocons! Ils tourbillonnent avec grâce avant de s’écraser lamentablement sur le pare-brise de Marcel.
Plus haut, sur les crêtes, la neige s’est invitée pour de bon.
On franchit le col de Roncevaux (alias Ibañeta pour les bilingues), perché à 1056 mètres et puis on redescend vers Arnéguy (ou Pekotxeta pour les basques qui ont décidé que deux noms, c’était mieux qu’un seul) et c’est là qu’on bascule officiellement en France. Ça fait tout drôle d’entendre parler français après 2 mois passés sur la péninsule ibérique!
Marcel nous dépose à Saint-Jean-Pied-de-Port en milieu d’après-midi.
On le gare et on le laisse se reposer pendant qu’on part explorer le village, histoire de dégourdir nos gambettes. La vue depuis la citadelle de Mendiguren est vertigineuse malgré un horizon bouché et un ciel gris sombre.
En redescendant dans le centre, on tombe sur un véritable temple du pèlerinage: échoppes de souvenirs, boutiques de matériel de randonnée, gîtes et chambres d’hôtes à la pelle. Normal, c’est le point de départ du Camino Francés, qui mène à Saint-Jacques-de-Compostelle en 31 étapes bien tassées.
Et comme si elle avait peur qu’on l’oublie, la pluie fait son grand retour! On ne lui laisse pas le plaisir de nous tremper jusqu’aux os, direction notre bon Marcel ou on se réfugie bien au chaud, pendant que la pluie s’énerve et tambourine sur le toit.






Lundi 17 mars – Frisson matinal et colocataires discrets
Au réveil, l’air glacial nous saisit dès qu’on met le nez dehors. On s’attend presque à voir un manchot se frotter les ailes en ricanant après avoir saboté le thermostat de la région. Heureusement, Marcel nous garde bien au chaud, fidèle à son poste de cocon douillet.
On met les voiles à travers les superbes paysages du Béarn, des collines verdoyantes, des fermes pittoresques et des routes sinueuses où chaque virage réserve une nouvelle carte postale. En fin d’après-midi, on atterrit à Loissan, un hameau si petit qu’on se demande si Google Maps ne l’a pas inventé juste pour nous. Notre bivouac du soir sera parfaitement calme, juste à côté de l’église et du cimetière, une nuit sereine s’annonce.



Mardi 18 mars – Vent, vignobles et vertèbres en grève
On reprend la route et, très vite, nos vertèbres commencent à se plaindre copieusement. C’est bien beau d’admirer le paysage qui défile au gré des kilomètres mais nos carcasses préféreraient une journée repos-massages, plutôt qu’un marathon routier. Marcel tient le coup, Ginette nous guide avec son flegme habituel et, après une bonne dose de bitume, on atteint enfin Gaillac.
Notre halte du soir se fait au Domaine Duffau. Une belle récompense après cette traversée: un accueil chaleureux par Anne, la vigneronne et une dégustation de vins qui efface instantanément toutes les courbatures. On regagne Marcel qui nous attend entre les rangées de vignes, avec la douce sensation d’avoir troqué la fatigue contre quelques gorgées de nectar local. Une bonne journée de vadrouille qui finit en beauté.

Mercredi 19 mars – Un road trip au pays des vieilles pierres…
Réveil au calme, au milieu des vignes. On reprend la route pour visiter quelques pépites médiévales du coin que Anne nous a chaudement recommandé:
–> On commence par Puycelsi: coup de cœur immédiat, surtout grâce à un habitant adorable, ancien de l’office du tourisme, qui nous fait une visite guidée improvisée en nous racontant mille anecdotes sur le village.
–> On continue par Larroque : tout petit mais charmant.
–> Puis, Bruniquel : superbe, mais trop touristique à notre goût, en été ça doit grouiller.
–> Et enfin, Penne : un vrai bijou, on adore.
On termine la journée à Piquecos, où l’on tombe sur un food truck. L’odeur est une véritable invitation gastronomique, surtout pour le BG, dont l’amour inconditionnel pour la cuisine italienne coule sûrement dans ses veines d’origine piémontaises. Dans ces instants-là, inutile de tenter de le raisonner: son cerveau se met en pilotage automatique et cède la place à son estomac.
Une pizza au chorizo plus tard, on s’endort comme des bienheureux, repus, dans notre Marcel qu’on a garé sur le parking de la salle des fêtes où il n’y a pas un chat.













Jeudi 20 mars
Le vent souffle si violemment qu’on a du mal à tenir debout.
On file se réfugier dans un café musical à Lauzerte, où l’ambiance chaleureuse nous fait oublier le dehors.
Une déco vraiment chouette, une vraie scène avec un piano et plein d’autres instruments, un patron super sympa, bref, tous les ingrédients sont réunis pour que la blondasse se mette à imaginer ses potes musiciens jouer ici, l’endroit leur irait comme un gant.
On termine la journée à Labastide-Marnhac, un village d’un calme olympien ou nous passerons la nuit.



Vendredi 21 mars – Entre bourrasques et vignes…
Boudiou, quelle tempête! La région avait été placée en alerte orange pour vents violents et en effet, ça n’a pas fait semblant!
Une nuit à tanguer comme un bateau ivre pris dans un combat de sumos, on a tellement été secoués que la blondasse en a presque eu le mal de mer!
Faut savoir que dans un fourgon, c’est pas comme à la maison! On est en contact direct avec les éléments et chaque bourrasque, c’est un peu comme un câlin de Hulk, c’est brutal, insistant et franchement désorientant.
Après avoir refait le plein de caféine, histoire de se remettre la tête à l’endroit et les yeux en face des trous, on décide de retourner à Lauzerte, irrésistiblement attirés par le charme de ses ruelles pavées et de ses magnifiques enseignes en fer forgé qui semblent tout droit sorties d’un autre temps.
Chaque boutique arbore fièrement son blason métallique, sculpté avec minutie: une paire de ciseaux pour le coiffeur, un rouleau à pâtisserie pour le boulanger, une plume élégante pour le libraire, bref, un véritable musée à ciel ouvert où ces œuvres suspendues racontent une histoire, entre ciel et pierres.
Puis direction Monbazillac, où l’on a repéré un camping à la ferme et où nous attend une rencontre mémorable: Monsieur Camus, 86 ans, vigneron de père en fils depuis cinq générations. Ce petit monsieur par la taille mais grand par l’esprit, à la fois élégant et chaleureux, nous embarque dans une dégustation qui tient autant du spectacle de théâtre que du cours magistral. Avec son béret vissé sur la tête et son regard pétillant et espiègle de jeune homme, il jongle entre anecdotes savoureuses et leçons d’œnologie. Chaque gorgée de son nectar doré s’accompagne d’une histoire, celle de la vigne, de la famille, de la sueur et des saisons et à chaque sourire échangé, on comprend que ce vin-là n’est pas qu’une affaire de cépages: c’est un héritage vivant, offert avec panache et une immense générosité.
Deux heures plus tard, on ressort aussi émerveillés qu’éméchés et on retrouve Marcel en zigzaguant légèrement. Ginette nous engueule en nous faisant la leçon mais nous on rigole parce que c’est un peu comme si l’hôpital se foutait de la charité et on s’endort, heureux dans un monde merveilleux!
Samedi 22 mars – Laverie, balade et frayeur routière…
Réveil un peu lent et départ tardif du Domaine de la Lande, les bras chargés de bouteilles.
On quitte Monsieur Camus avec émotion car il fait partie de cette catégorie de rares personnes dont on a vraiment du mal à se séparer puis on fait une halte à Bergerac pour une session laverie.
Pendant que le BG règle des formalités, la blondasse contemple amoureusement les slips et les chaussettes de son homme tourner dans le tambour.
On repart ensuite vers le Moulin du Duellas, un coin charmant au bord de l’Isle. La balade est bucolique à souhait, le printemps montre timidement le bout de son nez.
Puis, alors qu’on s’installe tranquillement dans notre Marcel pour une partie de Scrabble, une voiture déboule à fond, musique de kéké à bloc, freine et finit élégamment dans le fossé! Son conducteur, toujours pendu à son téléphone, ne prend même pas la peine de sortir de la voiture pour voir ce qu’il en est!!
Clairement il n’a pas bu que du jus de fraise le p’tit gars, va falloir assumer ses bêtises! La blondasse n’est pas tranquille et préfère lever le camp.
Ni une ni deux, on prend la direction de Saint-Émilion pour rejoindre notre ami, Michel et son pote Philippe qui voyagent également en camping-car et qui y sont pour la nuit. Quel plaisir de se retrouver! Tant de choses à se raconter, entre discussions passionnantes et verres bien remplis on passe une excellente soirée et la nuit sera d’un calme absolu, merci le cimetière voisin pour l’ambiance paisible!

Dimanche 23 mars – Météo: mitigée, comme un yaourt à moitié périmé
On commence la journée par un café avec Michel et Philippe. On papote, on rigole et puis il faut bien finir par se dire au revoir… mais on sait qu’on se recroisera tôt ou tard, comme des pigeons sur la même place de village, ça se passe presque toujours comme ça chez les voyageurs.
On confie ensuite notre destin à Ginette, cette bougresse de GPS qui a parfois l’orientation d’une mouette en pleine tempête. Direction Royan, où nous attendent Florence et sa fille Nathalie.
Des années sans se voir, et pourtant, à peine assis, on reprend la conversation comme si on s’était quittés la veille. Les mots fusent, les rires s’enchaînent, et le temps s’efface. Quel bonheur de retrouver des amis et de voir que, heureusement, certaines choses ne changent jamais!
Puis, cap sur la Cathédrale Notre-Dame de Royan. Alors là, attention! Accroche-toi, Maurice! On s’attendait à une église classique, on se retrouve face à un colosse de béton brut, quelque part entre vaisseau spatial et forteresse futuriste. Déroutant, audacieux et franchement impressionnant. De là à dire qu’on a aimé? La réponse est dans la description que j’en ai faite, il faut juste lire entre les lignes!





Pour se remettre de ce choc architectural, cap sur Saint-Sornin et sa Tour de Broue. Balade dans les marais, où le casting est simple: d’un côté, les cygnes blancs, majestueux, impeccables, qui avancent avec la prestance de mannequins en plein défilé et de l’autre, les canards, bien moins distingués, qui barbotent, cancanent et atterrissent comme des valises trop pleines sur un tapis roulant d’aéroport. Deux styles, deux ambiances, mais un même décor de carte postale.
Nous y passerons une nuit très paisible, bercés par la bruyante (et pas très harmonieuse) cacophonie des grenouilles.



Lundi 24 mars
Météo : pluie et le soleil qui sort en fin de journée, du grand n’importe quoi météorologique
La journée commence par une alerte de niveau maximal: un groupe de 75 enfants est sur le point de débarquer pour une sortie découverte des marais. Un bus scolaire rempli de petits monstres surexcités, hurlant à la moindre grenouille qu’ils aperçoivent.
Et là, c’est la panique.
Jamais la blondasse n’a réagi aussi vite. Les yeux exorbités, la veine du cou qui palpite, elle tourne en boucle: « 75… enfants… ça va être l’horreur… »
Elle balance tout en vrac dans le Marcel avec une efficacité impressionnante. Avant même que le BG ait eu le temps de digérer sa première gorgée de café, elle est déjà installée, ceinture bouclée, prête à démarrer à fond la caisse.
« Peu importe ou on va mais on y va, on dégage maintenant! »
Le moteur ronronne, les pneus crissent sur le gravier, et dans le rétroviseur, l’enfer se profile: on distingue déjà des petits monstres sortant du bus, sautillant d’excitation, leurs accompagnateurs au bord du burn-out, et un frisson nous parcourt l’échine. Nous l’avons échappé belle, on s’enfuit vers l’Île d’Oléron.
Le passage du grand pont se fait sous une bruine bien dégueulasse, du genre qui ne mouille pas tout de suite mais te transforme en serpillère humide après cinq minutes. Pas découragés pour autant, on enfile nos tenues de combat (imperméables et capuches vissées sur le crâne) et on part explorer les cabanes à huîtres de la Baudissière, à Dolus-d’Oléron. Ça sent bon le sel, la mer, et un peu l’huître en décomposition (on va pas se mentir), mais le lieu a un charme indéniable. Un alignement de cabanes colorées, sous le soleil cela doit avoir une autre gueule, c’est sur!
On imagine facilement un vieux loup de mer râler contre les Parisiens qui ne savent pas ouvrir une huître sans perdre un doigt.
On pousse ensuite jusqu’à Saint-Trojan-les-Bains, où l’ambiance oscille entre station balnéaire vintage et vieux film en noir et blanc. Ça a du charme, mais le crachin finit par nous dissuader de pousser l’exploration plus loin. On reprend donc la route direction Fouras, où nous attendent nos copains Mapi et Daniel.
Et là, c’est la grande réunion des fourgons. Marcel et Magelan, nos maisons roulantes respectives, se retrouvent côte à côte au camping de l’Espérance, face à la mer et pendant que nos véhicules refont le monde en langage moteur, nous, on passe la soirée à papoter, à rire et à échanger nos dernières anecdotes de baroudeurs. Retrouver les copains dans un cadre pareil, franchement, que demander de plus?
Finalement on passera 4 jours au bord de la mer à faire le plein d’iode et de vitamine D avant de nous diriger vers Nantes ou nous attend notre fille qu’on n’a pas revu depuis début janvier.
Quel bonheur de la retrouver enfin et de pouvoir la serrer dans nos bras. On va se poser quelques jours avant de repartir sur les routes.










