Rhhhhaaaaa ! Le Finistère !
Rien que de le dire, la blondasse en est déjà toute émoustillée et a une bouffée d’iode qui lui monte aux narines. Ici, les paysages sentent bon le grand large, l’embrun qui vole en totale liberté, la vague qui claque contre le rocher, et la lumière qui change toutes les cinq minutes, comme si le ciel breton hésitait entre aquarelle et tempête.
Le BG, lui, s’est campé face à l’Atlantique avec un regard de vieux philosophe viking. Sauf que dans sa tête, ça disait juste :
“Putain, c’est beau… mais j’ai froid aux tibias.”
Ici, les paysages sont comme les Bretons : taiseux, fiers, et un poil imprévisibles. Un coup t’as le grand soleil façon pub pour les huîtres, cinq minutes après c’est rideau de pluie et ambiance film d’auteur norvégien sous Lexomil. Mais y’a un charme de fou. Un truc brut, rugueux. Un genre de poésie en ciré jaune.
Et puis y’a les ports. Pas des ports de carte postale, hein ?! Non, des vrais : avec des pavés qui collent aux bottes, des filets de pêche et des nasses qui sentent le vécu, et des types qui vendent le poisson directement sur le quai, entre deux jurons, un sourire de traviole et un accent bien ancré dans le granite. Et tu sens que rien n’a changé depuis 50 ans. Ni les pavés, ni les bonnets, ni le regard franc des vieux loups de mer.
Là-bas, le poisson n’est pas “local et durable”, il est pêché à l’aube par un gars qui s’appelle Loïc et qui a vu plus de tempêtes dans sa vie que la blondasse a mangé de sushis.
À Penmarc’h, l’Aber-Wrac’h, Le Guilvinec, Ploudalmézeau, t’as l’impression que le temps a oublié de passer. Les murs et les quais parlent, et même les goélands ont l’air d’avoir des souvenirs.
Dans les bistrots, pas de Wi-Fi, mais des histoires vraies. Des regards qui te scannent façon : “Tiens, t’es pas d’ici, toi.” Mais avec une bienveillance bourrue, genre “on t’aime bien quand même, tant que tu touches pas à nos bigorneaux et à nos paniers de crabes.”
Pas de bars à aperol spritz. Pas de boutiques à savons pailletés. Juste des bottes pleines de vase, des goélands à l’haleine suspecte et des vieilles barques qui en ont vu plus que ta tante Gilberte.
Et ce vent.
On en parle ?
Ce vent qui te décoiffe en long, en large et en diagonale, te rhabille en poncho d’algues, et te fait dire des trucs du genre : “Je crois que mes sourcils ont migré dans ma capuche.”
Il te remet à ta place, le bougre. Il te rappelle que t’es rien face à l’océan, et que t’as oublié d’étendre le linge.
Mais malgré tout — ou grâce à tout ça — t’as ce moment. Ce petit truc. Une clarté. Une évidence.
Le monde fait trop de bruit, trop de paillettes, trop de tricheries.
Et là, face à l’immensité, les pieds dans les algues et le cœur dans le vent, t’as juste envie de dire merci.
Merci le Finistère, de pas faire semblant.
Merci de nous rappeler qu’on est petits, fragiles, et foutrement vivants.
Franchement… s’il fallait choisir un bout de terre où respirer à pleins poumons, c’est bien là.
Le Finistère.
Là où la France prend fin, et où l’âme, elle, commence.








































