De Mad Max à la licorne Arc-en-Ciel
Après quasi une semaine de squat sauvage sur notre grand pré, un décor oscillant entre Mad Max et Burning Man, il est grand temps de s’occuper de refaire le plein d’eau et de filer vers de nouveaux horizons. Ginette, notre GPS despotique mais bien inspirée, nous ordonne de prendre la direction de Lagoa, puis Porches et Alvor. Pour une fois, on lui décerne un 10/10 sur l’échelle de la bonne suggestion.
Et là, gros coup de cœur pour Alvor. La pépite du jour. C’est simple : c’est tellement beau qu’on s’attend à voir débouler une licorne arc-en-ciel au détour d’une ruelle. Bonus nostalgie : étant fans de Depeche Mode depuis notre adolescence (Oula, ça remonte à un paquet d’années, comme disait ma grand-mère !), on retrouve l’endroit exact où DM a tourné le clip de Enjoy the Silence. Autant dire qu’on était obligés de chanter en playback.









L’après-midi, on part en quête d’un bivouac et on atterrit à Terra Yah, un campement alternatif avec une belle brochette de personnages : des Israéliens en quête d’une nouvelle vie, un Français miraculé, une Allemande yogi qui fait des guirlandes de piments et un proprio qui commence la journée avec deux cafés aromatisés au Baileys, qui ne fume pas que du tabac et qui ne sait plus trop sur quelle planète il vit. Bref, un petit paradis hors du temps.
On restera plusieurs jours dans cette bulle, coupés du monde, à alterner entre repos, petites marches jusqu’à Barão de São Miguel – le village voisin où se trouve le seul et unique café du secteur, lequel sert les meilleures pastéis de nata. Le coin est vraiment ravissant : des plantations d’avocats, une végétation luxuriante et une douceur de vivre qui nous fait nous dire… Et si on restait là pour toujours ?



Mercredi 19 février – Les Bouillons de l’Atlantique
Après cette pause farniente dans notre oasis de zénitude, il est temps de réveiller Marcel et de reprendre la route. Aujourd’hui, grand beau soleil, ciel bleu et températures dignes d’un mois d’août en Bretagne. Ginette ordonne cap sur Sagrès, direction la pointe extrême ouest de l’Europe.
À notre arrivée, WAOUH. Des falaises vertigineuses plongent dans un océan déchaîné, des rouleaux immenses se fracassent contre la roche, c’est à la fois effrayant et hypnotisant. On sent la puissance brute des éléments, et on n’ose même pas imaginer l’endroit en pleine tempête.




Pause déjeuner avec vue époustouflante, puis Marcel reprend la route direction un Park4Night repéré plus tôt. On atterrit chez Gonçalo à Bordeira, sur un terrain en pleine nature équipé de toilettes sèches, d’une douche solaire et d’un évier pour la vaisselle. Grand luxe. Le bruit des vagues nous bercera cette nuit.
Le lendemain matin, petite balade. Et là, surprise : on croise un groupe d’enfants pieds nus, blonds aux yeux bleus, parlant anglais, allemand et hollandais. Un peu plus loin, deux femmes discutent en allemand. Curieux, on leur demande ce qu’il en est. Elles nous expliquent qu’un peu plus haut, dans les collines, se cache une école privée non officielle pour les enfants des communautés hollandaises et allemandes installées dans le coin. Totalement inattendu !
De retour chez Marcel, on invite Gonçalo pour un café. Il nous parle de ses projets et, comme souvent en voyage, l’échange est riche et passionnant. C’est ça aussi qu’on aime : rencontrer des gens qui, en quelques heures, passent du statut d’inconnus à celui d’amis qu’on a du mal à quitter.






Un bouillon d’embruns et des cigognes
Ensuite, direction la côte et ses plages plus belles et sauvages les unes que les autres. C’est aussi la période où les vagues sont les plus grosses et le spectacle de l’océan en furie est impressionnant. Aujourd’hui l’horizon est bouché, une épaisse brume marine confère au paysage une ambiance assez particulière qui n’en est que plus grandiose et énigmatique.
Le soir, on trouve un spot chez Denise, une Allemande, pour passer la nuit. Sauf que… on ne réalise pas qu’on s’est garés à moins de deux mètres d’un poulailler d’élevage de coqs de combat ! Autant dire que le réveil fut matinal et tonitruant, et je me suis surprise à rêver d’un bon coq au vin…





Après avoir ingéré l’équivalent d’un litre de café afin de nous remettre de cette nuit un peu courte, Marcel nous emmène faire le ravitaillement chez Lidl. Une fois cette corvée passée, on file vers une pointe repérée sur la carte avec un phare. Ginette nous donne ses directives et nous voici à Cabo Sardão. Après le repas, on enfile les baskets pour une marche digestive sur les falaises. Et là, surprise totale: des cigognes ont élu domicile sur les rochers, en plein océan, dans un vacarme de vagues et d’embruns. Jamais vu ça! Comme quoi, sur la route, les plus belles découvertes sont celles qu’on n’attendait pas…







Après avoir crapahuté comme des cabris sur les falaises portugaises et s’être pris pour des Brice de Nice, il est temps de changer de décor! Adieu embruns et sable entre les orteils, bonjour Portugal rural, ses petites routes bucoliques, ses villages où même le temps semble faire la sieste.
En route pour l’arrière-pays, où Ginette risque encore de nous perdre, mais peut-être que la meilleure façon de découvrir un pays, c’est de s’y égarer!