Roumanie – De Dacia à la Transalpina, un voyage qui nous a pris le cœur
Dacia – Une halte qui dure trois jours
Dacia restera dans nos mémoires. Un tout petit bled paumé au milieu de la Roumanie, où le temps semble s’être arrêté.
À l’origine, on devait juste y faire une pause… et on y est restés trois jours ! Tellement paisible, authentique et simple.
Marcel a trouvé refuge dans le jardin du vieux presbytère, aujourd’hui transformé en centre d’éducation et de rencontre. Depuis 2010, ce lieu accueille une quinzaine d’enfants du village d’origines diverses (Roms, Hongrois, Roumains). Ici, ils trouvent non seulement un enseignement chaleureux, mais aussi un repas chaud – souvent le seul de la journée.
Le projet, récompensé par le Prix du Courage Radebeul, a été repris par Cora, 19 ans, une force tranquille qui poursuit le travail de son père avec un courage impressionnant. Une rencontre qui nous a bouleversés.
Et puis, chaque soir à 19h, le village s’anime comme par magie : le troupeau revient des pâturages. Vaches, chevaux et autres quadrupèdes traversent les ruelles en terre, menés par le berger. Les habitants attendent devant leur portail, et chacun retrouve ses bêtes… qui, comme dotées d’un GPS intégré, savent exactement dans quelle cour rentrer. Un peu comme des enfants qui rentrent de l’école!!
Un spectacle à la fois drôle et attendrissant, qu’on n’aurait jamais imaginé voir ailleurs qu’ici.
Dans ce même lieu, nous croisons aussi Anne, Gabriel et leurs trois ados venus de Berlin. Fidèles au village depuis plus de 20 ans, ils nous embarquent pour une virée improvisée jusqu’à Viscri.




Viscri – Comme dans un conte
Perdu en Transylvanie, Viscri semble figé dans un livre d’images : maisons colorées, ruelles de terre, et au centre, une église fortifiée du XIIᵉ siècle classée à l’UNESCO.
Au Moyen Âge, les rois hongrois avaient invité les colons allemands – les fameux Saxons de Transylvanie – à s’y installer pour développer la région… et surtout défendre la frontière. Les églises servaient autant à prier qu’à se barricader.
Aujourd’hui, Viscri est l’un des plus beaux témoins de cet héritage. Même le prince Charles y a craqué au point d’y acheter une maison (mais ça ne se sait pas trop donc je vous ai donné une info top secrète!!)















Nou Român – Une ferme en liberté
Direction Nou Român, minuscule village où nous posons nos roues chez Christien et Robert, un couple allemand venu tout recommencer en Roumanie avec leurs enfants.
Leur ferme est un joyeux bazar : canards, poules, lapins, chiens et chats vivent en totale liberté pendant que les gamins courent pieds nus du matin au soir. Potager, verger, ruches, farine, miel… une vie en quasi-autarcie et auto-suffisance. Un vrai retour aux sources.
La générosité de Christien et Robert est à l’image de la Roumanie, ils nous accueillent si gentiment, nous offrent fruits et légumes de leur jardin et nous cuisinent même une soupe exquise. Difficile de les quitter.


La Transfăgărășan – La route mythique
Après trois jours de pluie, le soleil nous ouvre enfin la voie vers la légendaire Transfăgărășan. Construite entre 1970 et 1974 sous Ceaușescu, elle serpente sur près de 100 km à travers les Carpates.
Victime de son succès, la route se transforme parfois en parking géant. Alors, astuce : on dort au pied et on attaque aux aurores. À cette heure-là, c’est un luxe rare : la route est à nous.
En montant, on croise Cornel, un petit berger de 10 ans haut comme trois pommes qui aide son père et ses chiens à descendre le troupeau pendant les vacances scolaires. Une rencontre simple et belle.
Plus haut, les lacets mènent au lac Bâlea. Magique.
Mais la Transfăgărășan a aussi son revers : les ours. Habitués aux pique-niques gratuits offerts par certains influenceurs en mal de likes, ils traversent désormais la route comme des piétons distraits. En juillet, un motard italien a perdu la vie en voulant filmer une ourse et ses petits de trop près. Triste selfie final.
Nous, on n’a croisé aucun ours. Et c’est sans doute mieux ainsi. Parce qu’au fond, si on y pense, le spectacle n’a rien de joyeux : voir un animal sauvage transformé en attraction, c’est surtout bien triste.













Horezu – L’âme dans la terre
Cap ensuite sur Horezu, capitale de la céramique traditionnelle inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Ici, l’art de la poterie se transmet depuis des générations : les hommes extraient, préparent et façonnent l’argile, les femmes décorent et colorent les pièces, avec des outils simples – peignes, cornes de bétail, petits bâtons métalliques.
Nous poussons la porte de l’atelier de Mihaela, une boule d’énergie contagieuse. Quand elle comprend que je fus potière, ses yeux brillent et, sans hésiter, elle me lance : “Allez, installe-toi !”
Tablier noué, mains dans la terre : trois ans que je n’avais pas touché un tour, mais les gestes reviennent aussitôt. Une complicité retrouvée avec la matière, comme une vieille amie qui n’attendait que ça.
Sous le regard complice de Mihaela, on échange en silence cette joie que seuls les passionnés comprennent. Ses créations sont splendides, et certaines repartent précieusement dans Marcel.






La Transalpina – Le toit de la Roumanie
Nous poursuivons par la Transalpina, la 67C, la plus haute route du pays (2136 m au sommet Păpușa). Les paysages sont vertigineux, et la nuit, les températures chutent. Merci Marcel pour le chauffage !
Après quelques bivouacs en sauvage, nous atterrissons chez Adriana, une femme à la générosité immense. Elle nous accueille comme de vieux amis et nous régale d’une ciorbă végétarienne maison, accompagnée de pain, tomates, melon du jardin… et d’un gâteau aux pommes encore tiède. Son petit coin de paradis est à son image : simple, joyeux, lumineux. On a eu bien du mal à repartir.















Șiria le Buckingham Palace roumain
En arrivant à Șiria, on a eu l’impression d’avoir raté une sortie d’autoroute et de débarquer à Disneyland version “bling-bling roumain”. Des maisons géantes avec des tourelles, des colonnes dorées, des portails XXL… Bref, des châteaux de princes modernes ultra kitsches et très moches!
Et devant, des voitures immatriculées en Angleterre. Sur le coup, on s’est dit : “Wow, il y a une colonie d’Anglais qui a fui la pluie et le fish & chips pour s’installer ici !” Mais non. En réalité, ce sont des Roumains partis bosser à Londres, Birmingham ou Manchester, qui reviennent au pays en mode “regardez ma maison, elle est gigantesque c’est la preuve que j’ai réussi !”.
Résultat : on se retrouve avec un village mi-rural, mi-palais princiers, où les vaches broutent paisiblement devant des maisons plus grandes que Buckingham Palace. Le tout sous l’œil amusé de Ginette (notre GPS), qui n’a jamais rien vu de tel.



Mâsca – Un vignoble artisanal
Dernière escale : Mâsca, au domaine Crama Élite Wine. Alex, jeune vigneron, travaille avec son père Walter. Ensemble, ils cultivent 30 hectares de vignes sans machines, avec une passion folle et des vins d’une qualité exceptionnelle.
C’est là que nous rencontrons Christiane et Werner, un couple allemand adorable qui voyage sans date de retour dans un vieux camion Mercedes de 40 ans, entièrement rénové et aménagé. Une merveille roulante qui fait briller les yeux de la blondasse.
C’est la période des vendanges. L’équipe de cueilleuses, une vingtaine de femmes (dont certaines octogénaires !), peine à suffire. Alors le BG et nos amis allemands enfilent les gants pour donner un coup de main.
La blondasse, elle, est freinée par son dos fatigué et ses vieilles douleurs lombaires après des centaines de kilomètres en Marcel. Qu’à cela ne tienne : elle se rattrape le soir à la dégustation!!











Le plus difficile désormais ? Quitter cette terre qui nous a tant donné, où chaque village, chaque rencontre et chaque paysage restera gravé dans nos cœurs. Mais la vie nous rappelle à la réalité : la famille nous attend, et le père de la blondasse est à l’hôpital. Le chemin du retour s’impose, avec ses urgences et ses obligations.
Nous quittons la Roumanie avec Marcel et reprenons la route du retour en traversant la Hongrie, la Croatie, la Slovénie, l’Italie… et enfin la France. Les kilomètres vont défiler, mais nos esprits resteront pleins de rires, de ciorbă, de poterie et des troupeaux de Dacia au coucher du soleil. La Roumanie nous a conquis, et l’aventure continue, un tournant de plus pour notre blog.
Alors à très bientôt pour la suite de nos aventures, sur les routes avec Marcel et Ginette, toujours fidèles au poste!






