Bună dimineaţa România ! Hop, une frontière franchie et paf : changement de décor ! Ici, les vaches sont attachées devant les maisons comme certains attacheraient leurs scooters, les chevaux tirent des charrettes qui roulent plus lentement qu’une trottinette, et les vendeurs de fruits, légumes et miel s’installent au bord des routes en mode drive-in paysan. Quant aux forêts, elles sont si vastes qu’on se demande si elles ont une fin.
Première étape : Săpânţa. On y trouve la plus grande église en bois du monde, avec un clocher qui culmine à 80 mètres. Mais le vrai bijou ici, c’est le cimetière joyeux, un endroit insolite et unique au monde. Les tombes y racontent la vie et la mort des défunts avec des poèmes qui oscillent entre nostalgie et humour. Un endroit surprenant, qui respire plus la vie que la mort.

















Après deux nuits passées au pied du monastère de Săpânţa, on file vers le Parc National des Maramureș. Et là, on coupe nos données mobiles parce qu’on est à moins de 10 km à vol d’oiseau de la frontière ukrainienne… et qu’on n’a pas envie d’une facture téléphonique qui ressemble au PIB d’un petit pays si nos portables accrochent une antenne hors Europe.




Nous passons cinq jours à respirer l’air pur des Carpates, à croiser de nombreux chevaux sauvages, des troupeaux de vaches et de moutons placides, et des chiens de berger pas franchement rassurants mais finalement très sympas. On enchaîne les longues randonnées, nos poumons font le plein d’air pur et on ramasse tellement de cèpes que notre bon Marcel se transforme en séchoir géant. Et que dire des myrtilles sauvages… délicieuses !
C’est aussi là qu’on rencontre Dinkie et Manue, un couple de baroudeurs allemands sexagénaires adorables. Ils nous racontent leurs virées en Mongolie, Tadjikistan, Russie, Ukraine (à l’époque où la paix régnait encore…), Afrique, etc. Bref, leur CV de voyageurs ferait rougir Indiana Jones.

















Ensuite, cap sur Voroneț et son monastère orthodoxe, star de la Bucovine. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco et construit en 1488 en un temps record – trois mois et trois semaines (et sans bétonnière !) –, il est célèbre pour ses peintures murales extérieures, chefs-d’œuvre inspirés de l’art byzantin. L’état de conservation des fresques est incroyable.
Malheureusement, pour atteindre l’église, il faut remonter une ruelle de 300 m bordée de part et d’autre de boutiques de souvenirs made in China. On s’attendait à de la spiritualité, on a trouvé une brocante géante… dommage, ça enlève un peu de magie au lieu.








On prend alors la tangente direction Telec, au bord du parc national de Ceahlău. On a repéré ce petit bout de Roumanie sur notre carte et il nous a semblé parfait pour se couper du monde. Ici, pas de Wi-Fi, pas de réseau, rien : le bonheur absolu.







Dès notre arrivée, Manuelito, notre hôte, nous accueille avec un verre de pălincă artisanale. Aïe ! C’est quoi, la pălincă ? D’après Wikipedia : “une eau-de-vie traditionnelle à double distillation produite dans les régions de langue hongroise du bassin des Carpates, surtout en Hongrie et en Transylvanie.”
D’après nous : un truc-que-quand-t’as-bu-ça-tu-vois-défiler-toute-ta-vie.
Refuser ? Impensable, ce serait un affront. Du coup, on a bu… cul sec ! Résultat : mes yeux ont failli sortir de leurs orbites, j’ai cru disparaître dans les entrailles de la terre, et le BG s’est endormi comme un bébé… mais a ronflé tout le reste de l’après-midi ! Forcément, un machin pareil qui avoisine les 80° et sur un estomac vide… ça secoue !




Une fois ressuscités, on rencontre une joyeuse troupe de voyageurs : une famille roumaine fantastique (Bogdan, Diana et leur adorable fille), un couple d’Allemands hyper sympas (Rudi et Karin) et une famille française en vadrouille. Résultat : soirées sous les étoiles, discussions à refaire le monde et dégustation de vins locaux. À la fin, malgré la barrière de la langue, tout le monde se comprenait ! Le genre de moments où tu te dis que voyager, c’est surtout rencontrer les bonnes personnes.
Le lendemain, le BG est réquisitionné par Manuelito pour aider les mamies du village à faucher l’herbe. Quel spectacle hilarant ! Ces dames de 80 ans avançaient plus vite que lui. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elles avaient déjà ratissé un champ entier. Incroyable la pêche des mamies ! Les Roumains observaient la scène, hilares : “d’habitude, ce sont les nôtres qui travaillent en France. Aujourd’hui, c’est un Français qui bosse pour nous !”



Dur de quitter ce petit paradis, Manuelito, les mamies roumaines et nos nouveaux amis. Mais au bout de trois jours, Marcel s’impatientait et Ginette râlait : il fallait reprendre la route.
On a donc pris la direction de Sighișoara, avec un arrêt d’une nuit à Sovata, situé approximativement à mi-chemin. Sovata est une station thermale ultra-touristique, où nous n’avons pas retenu grand-chose, si ce n’est un joli spectacle de danses folkloriques croisé par hasard, et l’accueil adorable d’Ibolya et Gary, propriétaires du petit camping où nous avons passé la nuit.
Puis vient Sighișoara, surnommée également « la perle médiévale de la Roumanie » et classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Fondée par des artisans et des marchands allemands, appelés Saxons de Transylvanie, Sighişoara est un exemple remarquable de petite ville fortifiée dans la région qui marque la frontière entre la culture latine de l’Europe centrale et la culture byzantine orthodoxe de l’Europe du sud-est.
C’est aussi là que vécut Vlad l’Empaleur, connu des touristes sous le pseudonyme de Dracula.
Malgré le monde et les températures caniculaires ce jour-là, on passe plusieures heures à déambuler au détour de ses jolies ruelles pavées, admirer les superbes maisons aux façades pastel et à gravir les marches de l’Escalier des Écoliers, datant de 1642 et permettant de relier les parties inférieure et supérieure de la citadelle de Sighişoara. Son objectif principal était de permettre aux habitants d’accéder facilement à l’église et à l’école en hiver, évitant ainsi les problèmes causés par la neige.
Enfin, direction Dacia (aucun rapport avec la Logan, promis). Un minuscule village figé dans le temps.
… Suite au prochain épisode !








