Lundi 10 mars – Météo: Pluie, flaques et pieds palmés.
Réveil sous la pluie, rien de neuf sous le ciel gris, si ce n’est cette désagréable impression de mutation progressive en canard. À ce rythme, on va finir par rejoindre une réserve ornithologique. La météo, fidèle comme un huissier un jour de retard de loyer, ne nous lâche pas d’une semelle. On prend donc la route vers l’Espagne avec l’espoir naïf d’y trouver un peu de soleil… L’espoir fait vivre, dit le dicton.
On roule, Marcel avale les kilomètres puis on finit par s’arrêter à Villamañán,
charmant petit village où l’animation semble s’être éteinte en même temps que la dernière fête du comité des anciens en 1987.
Fatigués, on se pose près du parking réservé aux camping-cars, c’est trop chouette, on est seuls!
Bon, en même temps, qui part jouer au touriste avec une météo aussi pourrie?! Réponse: nous!!!
Malgré la pluie, on part marcher, histoire de se dégourdir les palmes après toute cette route, en laissant Marcel et Ginette se faire des petites confidences et on tombe sur un café local, y’a de la lumière, donc on pousse la porte et on rentre…
Et là, on débarque dans une sorte de dimension parallèle où un groupe d’hommes d’un âge… respectable (voire fossilisé pour certains) joue aux cartes dans un silence quasi monastique. Un truc saute aux yeux immédiatement: pas d’alcool, pas de discussions animées, juste du café et des cartes. Un univers bien loin des troquets français où la mousse coule à flots et les débats sur « le monde d’aujourd’hui » s’échauffent en même temps que les esprits.
On repart, direction Marcel, pour retrouver le confort douillet de notre maison roulante. Nuit précoce, parce que franchement, cette journée nous a lessivés.

Mardi 11 mars – Météo: beurk intégral!
Ce matin, le ciel est couleur “vieille éponge” et la bruine a décidé de s’incruster, le genre de petit crachin bien pourri dont tu ne te méfie pas, mais en moins de 2 minutes, tu te retrouve trempé jusqu’aux os.
On plie vite fait bagage, on quitte notre campement de Villamañán et on file vers Burgos.
Sur le trajet, on fait une pause à Sahagún, charmant village, étape du Camino francés du Pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.
Enfin, “charmant”, c’est ce que les guides disent… parce qu’avec la pluie qui nous poursuit et le vent qui souffle comme si le ciel en avait marre, pas un pèlerin en vue, même les statues semblent grelotter. On jette un œil aux vieilles pierres, on apprécie vaguement l’ambiance “silence de fin du monde” et on se réfugie vite fait dans Marcel.





Route vers Burgos, où se trouve la célèbre cathédrale Sainte-Marie, chef-d’œuvre gothique classé à l’UNESCO depuis 1984.
Impressionnante, majestueuse… mais elle trône en plein centre ville et le BG n’a aucune envie de se frotter au stress de la circulation. On a bien repéré un parking pour garer notre bon Marcel mais il est situé à une bonne demi-heure de marche et la blondasse n’a ni la motivation, ni le courage de s’y rendre à pied sous cette flotte.
Alors on choisit l’option feignasse assumée: on demande à Ginette de nous indiquer la direction du Mirador del Castillo qui offre une vue panoramique sur la ville. Elle nous y emmène comme une cheffe (quand elle est sobre, elle assure) et de là-haut, on admire la cathédrale sans avoir à se mouiller les chaussettes. Un compromis qui nous va très bien et on assume!

Après cette session de « tourisme express-effort minimal”, cap sur Sargentes de la Lora, un village tout petit, tout paumé, comme un secret bien gardé.
Imaginez un vaste plateau désertique, quelques maisons qui résistent au temps, et au milieu de tout ce décor de far west… un musée du pétrole. Sérieux? Ici? Mais pourquoi donc? Eh bien, parce qu’en 1964, ce coin perdu est entré dans l’histoire: 6 000 litres de pétrole ont jailli des entrailles de la terre faisant de ce trou perdu le premier site pétrolier d’Espagne qui a bien cru toucher son Texas. La station pétrolière a fonctionné jusqu’en 2017, avant que le village ne se dépeuple doucement. Aujourd’hui, Sargentes est en train de devenir un village fantôme, avec son musée comme ultime vestige de la gloire passée.



Le soir, on pousse la porte de l’Oro Negro, l’unique café-resto du village. Le lieu est modeste, la cuisine simple mais l’accueil… magique.
Ce qui reste gravé, c’est la gentillesse des propriétaires. D’une humanité rare, des gens formidables. Le genre de rencontre qui remet un peu de soleil dans une journée bien grise, de celles qui réchauffent bien plus qu’un bon feu de cheminée.
L’accueil est tellement humain et sincère que la blondasse en a même eu la larme à l’œil…
On retrouve enfin notre cher Marcel, précieuse bulle de chaleur face aux -1°C annoncés cette nuit. À plus de 1000 mètres d’altitude, avec un vent qui souffle comme s’il avait une revanche à prendre, on se cale bien sous la couette. Demain, une nouvelle étape nous attend!
Mercredi 12 Mars – Météo: correcte, y’a même du soleil mais la pluie revient en fin d’après-midi, fallait pas rêver non plus, hein?!
Départ de notre joli petit coin au milieu du plateau désertique et direction Orbaneja del Castillo. Là, on découvre un village incroyable, traversé par une rivière qui serpente en cascades avec des bassins d’une pureté limpide.
L’eau sort d’une grotte dans la falaise puis dévale au centre du village avant de se jeter en cascades dans des bassins en contre bas! C’est juste magnifique! Un décor vraiment incroyable et unique.
De plus, le village est entouré d’éperons rocheux spectaculaires, comme des dentelles de pierres défiant la gravité…






On reprend la route et on tombe parfaitement au hasard, perdu au milieu de nulle part sur le Monasterio de Santa Maria de Rioseco.
Et la c’est un vrai coup de coeur. Un monastère situé sur les rives de l’Ebre, dans la vallée de Manzanedo qui est à l’état de ruines mais qu’un groupe de volontaires s’attèle à consolider et à restaurer depuis maintenant plusieurs années. Ce qui est vraiment incroyable, c’est qu’on est complètement seuls.
Pas un touriste, pas un bruit, juste le décor et le silence. Un luxe absolu.
C’est tout simplement superbe.







Ensuite on visite Frías avec son château bâtit sur un éperon rocheux et dominant toute la vallée, très beau village médiéval avec des maisons à pans de bois.
Puis on met le cap sur Tábara pour admirer son petit monastère littéralement encastré sous la falaise. Un vrai bijou. Ensuite direction Castañares de Rioja pour la nuit et? Devine quoi? La pluie est de retour, fidèle comme un labrador mais nettement moins attachante. On se cale sur un parking réservé aux camping-cars… on est de nouveau seuls au monde, avec pour simple compagnie le bruit des gouttes qui tambourinent sur Marcel…







